ROSSO: Vénise sans les gondoles
Cet article est paru il y a un an. Depuis les choses ont changé. Rosso a un nouveau visage avec l'élection du nouveau maire, le Professeur Fassa Yérim.
Vingt-neuf millimètres et la ville se noie. Au quartier Escale, le cœur de Rosso, l'avenue Cadi Boubacar Sy qui passe devant le domicile du premier responsable de la commune s'est transformé en un long fleuve rendant la circulation difficile; il faut raser les murs et jouer à l'acrobate sur des briques et autres pierres mal posées. Vers le débarcadère, devant l'hôpital ce n'est pas mieux. Sattara et Demal Deuk on n’en parle pas. Même la lointaine NDiourbel a son lot notamment aux abords de Tivisky. Et le pire est à venir. Car quand les voitures passent et repassent dans cette boue, les odeurs suffocantes commencent à se dégager en attendant que se manifestent les maladies liées à la pourriture ambiante.
Le phénomène est récurrent. Chaque année les populations vivent la même situation. Si sous nos cieux l'hivernage est le plus souvent attendu avec impatience par les populations, à Rosso c'est l'angoisse dès le mois de juin. Ailleurs des gens implorent le ciel pour qu'il pleuve, ici ce qu'on souhaite c'est qu'il ne pleuve pas. Tout récemment c'est 'Nioks', qu'on a entendu faire cette réflexion: 'on attend de voir ce que les autorités vont faire avec la saison des pluies qui arrive'. Dans un moment de lucidité, lui qui n'est même pas électeur parce que ne jouissant pas de toutes ses facultés mentales, il exprimait le sentiment d'attente de tous les rossossois et tout ce qu’ils attendent de leur maire. Mais la pluie est venue avec force et sans crier gare : 67 mm en 48 heures et l’exode a commencé. Les populations de Sattara vont retrouver leur coin tranquille au pk 7 tandis que les pauvres de Demal Deuk se complaisent dans la boue et la saleté. On ressort les bottes sans lesquelles aucun déplacement n’est possible dans une ville qui ressemble à s’y méprendre à Venise sans les gondoles.
Djigo Aboubakry